Description
1981 : L’aventure commence à Orléans par la création du groupe D.STOP et 2 années particulièrement fructueuses d’exploration « tekno-punk » : concerts/performances mémorables, clip vidéo provocateur à souhait et enregistrement des cultissimes Traitement de Choc (EP 45T) et Nouvelles du Front (Mini LP 33T).
Deux disques (plusieurs fois rééditées depuis) accueillis dès leur sortie avec un réel enthousiasme par les fanzines et abondamment diffusés par les radios libres. Le magazine Best, véritable institution à l’époque, ira même jusqu’à présenter le groupe en ces termes élogieux :
« Le plus excitant des groupes punk orléanais… » / « Ils sont les représentants parfait de cette génération qui a perdu tous ses complexes en 77et qui, depuis s’est aperçue que pour survivre il fallait faire des progrès techniques et apporter des idées personnelles… » /« Les dés sont jetés et laissent présager un score vainqueur. » /BEST (mai 1982)
1984 : Poursuivant son évolution, le groupe (devenu duo depuis 1 an), décide de laisser tomber les guitares, et d’explorer davantage les instruments qui ont largement contribué à forger son identité musicale… les « machines » ! : 3 synthés d’occasion, 2 boîtes à rythmes assez limitées, 1 chambre d’écho vintage et tout un tas de pédales d’effets paradoxalement destinées à des guitares !
C’est dans cette configuration minimaliste et cold qu’apparaissent pour la 1ère fois sur scène Les Visiteurs du Soir : des musiques assez simples, mais terriblement efficaces et, des textes en français, d’un réalisme sombre, portés par un chanteur totalement habité et charismatique. Une sorte de « pop-électro », énergique et bizarre qui flirte souvent avec l’avant-gardisme de leurs compatriotes Taxi girl et Kas product ou d’autres formations comme Suicide, DAF et Depeche Mode.
1985 : C’est donc tout naturellement que New Wave (célèbre fanzine et label) propose à ces « jeunes gens mödernes » de figurer sur sa compilation « Le Cimetière des passions ». Les Visiteurs du Soir enregistrent donc 2 titres dont le fameux je t’écris d’un pays, titre emblématique de l’univers synthétique et chaotique du groupe, et futur « tube ». Ce sera leur unique apparition discographique avant de nombreuses années.
Un mois plus tard, le groupe splitte après avoir donné un ultime concert en 1ère partie des Rita Mitsouko.
2006 : Réapparition furtive et strictement discographique du groupe. Le label Born Bad Records invite Les Visiteurs du Soir à participer à son ambitieux projet « BIPPP French Synth-wave 1979/85 ». Comme une évidence, le titre choisi pour cette compilation sera l’incontournable Je t’écris d’un pays.
« On y entend par exemple quelques petits chefs-d’œuvre, comme le sexy Polaroid Roman Photo de Ruth ou le fêlé je t’écris d’un pays des Visiteurs du Soir.» / LES INROCKUPTIBLES (décembre 2006)
Au cours des années suivantes, quelques reprises de je t’écris d’un pays apparaissent ici ou là, témoignant d’un intérêt constant de la part d’une « nouvelle scène électro » pour ce type de son très 80’s en général, et, pour la singularité de ce titre en particulier.
2024 : Les Visiteurs du Soir, véritables pionniers de la « french synth-wave », enregistrent leur 1er album intitulé « 1984 ».
Une musique électro totalement inclassable, entre post-punk et new wave, d’où émerge une voix sombre et mélancolique, qui, avec beaucoup de justesse et d’engagement, évoque d’étranges parcours de vie : des histoires simples écrites en français et en vers, nourries de nombreuses références (populaires, historiques, contestataires), et dont les héros ordinaires finissent toujours rattrapés par un destin funeste. Dix morceaux assez courts, tendus (rythmique implacable) qui figuraient notamment sur la setlist du groupe lors de leur tout dernier concert, il y a 40 ans…
On notera la grande qualité de la production (Pierre-Emmanuel Mériaud) qui permet avec beaucoup de finesse et d’inventivité, d’apporter une réelle touche de modernité au projet, tout en respectant la contrainte de départ : enregistrer l’essentiel des musiques avec les sons et synthés utilisés à l’époque en live par les Visiteurs du Soir.
Ainsi, Les Visiteurs du Soir, poursuivent l’aventure commencée au siècle dernier, et prouvent, avec l’album « 1984 », que la modernité est un concept définitivement intemporel.